Hybride
ou interspécifique – Quelles nuances ?
Les
nouveaux cépages résistants aux maladies ne sont plus qualifiés
d’hybrides mais d’interspécifiques.
Quelles
différences il y a-t-il entre ces deux expressions alors que les deux
expressions signifient croisements entre vignes d’espèces différentes.
L’époque
Ces
cépages appartiennent à des époques et générations différentes
Les
premiers sont le résultat de croisements réalisés principalement par
des Français fin du XIXe, début du XXe siècle (de 1880 à 1935). On a
aussi utilisé l’expression Hybrides Producteurs Directs (HPD) pour les
qualifier, signifiant par là qu’il peuvent être cultivés francs de
pieds (non greffés). La sélection était donc effectuée en fonction de
l’aptitude à résister au phylloxera (insecte vivant surtout au niveau
des racines de la vigne qu’il prive de sève), les vignes françaises étant
détruites par l’insecte alors que les vignes américaines y résistaient.
Les
seconds sont le résultat de semis effectués après 1950 dans des pays
septentrionaux où la sensibilité écologiste est grande. Une viticulture
plus respectueuse de l’environnement exige des cépages résistants,
mais aussi de qualité. Le critère de résistance au phylloxera
n’intervient plus, ces cépages sont greffés sur porte-greffes résistants,
ce sont des critères de qualité gustative et de résistance au mildiou
et à l’oïdium qui guident les recherches. Ce dernier aspect est
important pour comprendre le bond qualitatif que présentent les nouveaux
croisements.
La génétique
Les
HPD sont issus de croisements entre vignes américaines et européennes.
Le nombre de croisements avant d’obtenir la nouvelle variété est
faible (de 1 à 4 croisements : 1 pour le Baco noir, 2 pour des
Kuhlmann comme le Léon Millot, Maréchal Foch, Triomphe d’Alsace, 4
pour des Seibel comme l’Aurora). La majorité des hybrides ont à peine
50 % de gènes de vitis vinifera
Les
interspécifiques sont généralement le résultat d’un plus grand
nombre de croisements entre vignes européennes, américaines et
asiatique. Le nombre de
croisements sont généralement élevés (8 pour le regent, 7 pour le
sirius ou le phoenix, mais seulement 2 pour le Rondo). La majorité des
interspécifiques ont plus de 75 % de gènes de vitis vinifera.
La couleur des
feuilles ?
A
ma connaissance les HPD rouges à jus rouge, cépages teinturiers, ont des
feuilles qui restent vertes et ne se colorent pas de rouge, mais de jaune
à l’automne. Le Boskoop Glorie est une exception, mais son origine génétique
n’est pas claire, il semblerait que c’est un pur vitis américain, il
n’entre d’ailleurs dans aucun programme de croisements interspécifiques).
Les
cépages interspécifiques (hormis le Muscat bleu) ont les feuilles qui se
colorent à l’image de leurs fruits, qu’ils soient teinturiers ou non.
Interspécifiques :
-
Phoenix :
V202 L4 Ru32
A9 C B8
, soit 79 % de vitis vinifera dans ses gènes
-
Sirius :
V202 L4 Ru32
A9 C B8
, soit 79 % de vitis vinifera dans ses gènes
-
Rondo :
V3 Am , soit 75 % de vitis vinifera dans ses gènes
-
Regent :
V379 L22 R10
Ru68 A20 C5
B8 , soit 74 % de vitis vinifera dans ses gènes
Hybrides :
-
Aurora
(Seibel 5279) V11 Ru3
A2 , soit 69 % de vitis vinifera dans ses gènes
-
Léon
Millot et Maréchal Foch : V2
R Ru , soit 50 %
de vitis vinifera dans ses gènes
-
Baco
noir : V R , soit 50
% de vitis vinifera dans ses gènes
extraits
des fiches ampélographiques de quelques interspécifiques connus, abréviation
de l’espèce suivie du nombre de géniteurs qui sont intervenus dans les
croisements successifs entre vitis Vinifera (européenne) et vitis Labrusca,
vitis Riparia, vitis Rupestris, vitis Aestivalis,
vitis Cinerea, vitis Berlandieri (américaines), vitis Amurensis
(asiatique)
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