Rapport d’évaluation sur les incidences
du projet de vignoble au Kauwberg sur la zone Natura 2000
Hydrologie et écoulement des eaux
L’emplacement projeté pour le vignoble est une ancienne pâture en amont de
la zone humide.
La
partie du terrain envisagée pour la plantation est en légère pente
orientée Nord-Sud ayant un dénivelé de 4,30 m sur une distance de 40 m,
soit une pente légère de 5 % .
Le
seuil de référence du levé altimétrique est 10 et correspond à une
altitude de 61,50 m +/- 1 m au-dessus du niveau de la mer. La zone occupée
par le projet de vignoble va de 11,90 m à 16,20 m, soit une altitude de
63,4 m à 67,7 m. Sur cette zone les vignes seraient implantées dans la
partie supérieure, au delà de la cote de 14 m, soit entre 65,50 m et 67,70
m d’altitude.
La
zone humide proche du pont du chemin de fer est à une altitude de +/- 60
m.
Les
courbes de niveau du plan de nivellement indiquent une pente orientée
Nord-nord-est, c’est-à-dire en direction du réservoir d’eau, en
réalité un bassin d’orage à ciel ouvert.
Le
déversement d’une substance chimique dangereuse sur la zone humide est
exclu puisque le vignoble sera cultivé selon les normes de l’agriculture
biologique. Le déversement accidentel d’un liquide, même non dangereux
pour l’environnement, sur la zone concernée par l’implantation du vignoble
ne pourra avoir de répercussion directe sur la zone humide de haute valeur
biologique qui se trouve au Nord-nord-ouest et au Nord-Ouest de la
parcelle concernée. La déclivité naturelle du sol fera en sorte que les
eaux pluviales s’écouleront vers le bassin d’orage.
Il
n’y a pas plus de risque d’eutrophisation à craindre dans la mesure où
aucun engrais ne sera épandu, la nature du sol et la matière organique
accumulée pendant les années de pâturage rendent le sol propre à nourrir
une vigne cultivée de façon extensive pendant des années. La présence
d’orties (Urtica dioica), de berces (Heracleum sphondylium)
et d’oseilles (Rumex obtusifolius) témoignent d’un sol relativement
riche en azote et assez pauvre en biodiversité.
Assainissement
de la zone d’accès
Le
service communal de la propreté se charge de l’élimination des vieux pneus
et de l’enlèvement des déchets jetés au-dessus des clôtures. Ces pneus
délimitaient un circuit où les amateurs de bruyantes petites voitures
téléguidées à moteur venaient s’entrainer et effectuer des courses dans
les années 1970 (voir plan de situation existante). Nous attendrons la fin
de la période de nidification (mi-août) pour procéder au nettoyage afin de
ne pas perturber l’avifaune.
Amélioration de la biodiversité dans le cadre de Natura 2000
Nous avons établi un relevé des principales espèces végétales présentes
sur le terrain. Il figure en annexe du présent document et nous faisons
référence à celui-ci dans les propositions ci-dessous.
Propositions de gestion
Zone de recolonisation et de bois
La
majeure partie de ce bois sera gérée comme réserve naturelle (ZGRN - Zone
Gérée en Réserve Naturelle sur le plan)
Notre action aura deux buts : éliminer les invasives et augmenter
l’attrait ornithologique de la parcelle.
Action vis-à-vis des invasives
La
population de renouées du Japon (Fallopia japonica)
qui s’est développée dans la zone de
colonisation et le bois fera l’objet d’un arrachage manuel systématique
plusieurs fois par an dans le but d’arriver à leur éradication.
Bien que qualifiés d’invasifs, les solidages ne posent pas de problème
d’envahissement et restent cantonnés à front de l’avenue Dolez. Ils sont
en train de céder leur place à de jeunes aulnes dont le développement sera
privilégié pour créer une petite aulnaie à front de rue. Si les solidages
devaient tenter de s’implanter dans le vignoble et la prairie fauchée, ils
seront éliminés.
Les
cerisiers tardifs (Prunus serotina) adultes seront abattus et les
jeunes semis arrachés
Actions de nature à augmenter l’attractivité pour l’avifaune
Comme de jeunes saules (Salix alba) poussent déjà spontanément le
long du chemin d’accès projeté vers le vignoble et le rucher, nous
projetons de tailler ceux ci en têtard pour créer, à terme, les conditions
de nidification favorables à différents oiseaux, particulièrement la
chouette chevêche.
Le
développement de la petite aulnaie (Alnus glutinosa)
le long de l’avenue Dolez sera favorisée en
étendant celle-ci dans les zones envahies par la renouée du Japon (Fallopia
japonica)
Le bois étant jeune
ne présente pas d’attrait pour les cavernicoles. Aussi des nichoirs pour
oiseaux et chauve-souris seront installés.
Zone
de l’ancienne prairie, partiellement vignoble
La
prairie est actuellement en cours d’envahissement par des ronciers à
l’Est, en bordure de la partie boisée du terrain. Trois buissons
d’aubépines se sont développés. Celui qui est dans la zone des vignes sera
supprimé, les deux autres seront conservés.
Espace
occupé par les vignes
La
commune d’Uccle a souhaité nous louer toute la parcelle lui appartenant, y
compris la partie boisée que nous nous proposons de gérer et qui est
partiellement envahie de renouée du Japon.
Les
vignes ne seront implantées que dans la partie supérieure de la parcelle
qui était pâturée. Elles occuperont une superficie d’environ 4 ares (20 x
20 m) comme indiqué sur le plan. Sur celui-ci figure la zone d’extension
éventuelle. Les vignes seront plantées en lignes orientées nord/sud (à 10°
près). L’écartement est de 1,50 m entre les lignes, les pieds étant
distants de 1,25 m dans la ligne, ce qui correspond à une densité de
plantation de 5300 pieds à l’hectare. La zone d’implantation, l’alignement
des vignes ainsi que l’extension éventuelle figurent sur le plan 2.
La
partie de prairie où seront établies les vignes est la plus sèche de la
parcelle dont la flore actuelle témoigne d’un sol frais, mais sans
humidité persistante. Le porte-greffe sur lequel sont greffées les vignes
(SO4 - Sélection Oppenheimer N°4) est adapté à ce type de sol. La flore de
la zone concernée par la plantation des vignes témoigne d’un sol
relativement riche en azote qu’il n’est pas nécessaire d’amender.
Ce porte-greffe qualifié de moyennement
vigoureux est apte à apporter les éléments nutritifs aux vignes cultivées
dans les conditions pédologiques des vallées brabançonnes.
La
culture de la vigne utilisera l’azote présent dans le sol dont une partie
sera ainsi exportée avec la vendange des raisins. Le sol s’appauvrira au
fil des ans, de sorte qu’une flore plus diversifiée s’y établira petit à
petit. Les photos (jointes au dossier initial de demande) de la flore de
l’ancien vignoble proche du Lycée français témoignent de cette évolution
dans notre ancienne culture. La gestion du sol du vignoble au Kauwberg
devrait entrainer une évolution similaire.
La culture de la vigne ne nécessitera donc
pas d’engrais. Les traitements éventuels (soufre, cuivre ou préparations
à base de plantes) seront réduits dans la mesure où les cépages cultivés
ne nécessitent de traitements phytosanitaires qu’en année humide et
peuvent s’en passer si les conditions climatiques sont bonnes, si le
printemps et l’été ne sont pas particulièrement humides.
La vigne telle que nous la cultivions
depuis 20 ans est une culture biologique. Les références à une viticulture
française n’est pas de mise dans le cadre de notre vignoble car les
cépages sélectionnés et adaptés à nos conditions pédologiques et
climatiques ne sont pas cultivés en France. Ils sont exploités par des
viticulteurs bios flamands, néerlandais et allemands. Il s’agit de cépages
qualifiés d’interspécifiques sélectionnés pour leur résistance aux
maladies cryptogamiques.
La
parcelle pressentie pour la culture de la vigne est ensoleillée du matin
au soir. Son exposition est loin d’être idéale, mais suffisante pour les
variétés retenues à la culture. Le choix de la variété est essentiel dans
ce cas : variétés précoces et peu sensibles aux maladies cryptogamiques.
La situation est en ce point semblable - et même meilleure car
l’ensoleillement est effectif tout au long de la journée - à celle de
l’ancien vignoble qui était situé à proximité du Lycée français, rue
Geleytsbeek 252. Ce vignoble bénéficiait de la même orientation et d’un
moins bon ensoleillement car limité à l’ouest par un bouquet d’arbres.
Il
est évident, comme vous le soulignez dans votre avis que cette situation
ne présente pas les conditions « idéales » pour la culture d’une vigne « à
la française ». C’est paradoxalement ce qui fait l’intérêt de la
culture dans des conditions plus difficiles : lorsque les résultats en
maturité, saveur, acidité et teneur en sucres des raisins sont corrects,
on peut conseiller cette variété sans craintes dans de meilleures
conditions, dans un jardin mieux ensoleillé, par exemple. Cette situation
peu favorable est donc un atout pour l’aspect expérimental du vignoble qui
fait partie de l’objet social de notre asbl.
Nous proposons de créer une haie d’aubépines (Crataegus
monogyna),
arbuste dont quelques exemplaires sont déjà présents sur et autour de la
parcelle pour protéger le vignoble du vent et des intrusions au sud et à
l’Ouest. Ces arbustes sont de plus mellifères. A mi-pente, des saules
seront intercalés tous les deux mètres.
Une telle haie est aussi prévue entre les ruches et les vignes pour que
les abeilles prennent de la hauteur et ne gênent pas les visiteurs du
vignoble
Au
bas de la parcelle bordée de quelques bouleaux nous planterions quelques
saules (salix alba) que nous taillerions par la suite en
« têtards » afin de les rendre attractifs à la nidification de la chouette
chevêche Athéna qui pourrait y trouver un site de nidification. Il faudra
15 à 20 ans avant que les arbres aient une taille suffisante pour cette
fonction ornithologique. Une haie d’aubépines sera intercalée dans les
espaces entre les saules.
Espace
occupé par les ruches
Il
ne s’agit pas d’établir un important rucher, mais de placer 4 à 5 ruches
sur le Kauwberg. Comme l’on fait remarquer des entomologistes spécialistes
en apidés et en abeilles solitaires, la présence de trop d’abeilles peut
entrainer une concurrence avec les abeilles sauvages dont le site est par
ailleurs riche (nous avons personnellement participé à quelques relevés ce
printemps autour de la carrière au Kauwberg ou une dizaine d’espèces
différentes ont été dénombrés). Il s’agit d’une apiculture extensive dans
le cadre d’un milieu riche en floraisons. Les ruches sont simplement
posées sur un socle les maintenant à l’horizontal et protégées de la pluie
par un petit toit propre à chaque ruche.
Une haie d’aubépine est prévue entre les ruches et les vignes pour éviter
les conflits entre abeilles et visiteurs du vignoble, de sorte que les
abeilles prennent de la hauteur et volent au-dessus des cultures.
Equipements
Un espace de rangement des outils et filets
sera adossé au mur du hangar jouxtant la parcelle. Cet emplacement est
indiqué sur le plan. Ses montants seront construits en bois FSC et la
toiture de tuiles d’argile sera constitué d’un pan incliné vers le sud.
Chemin
d’accès
Le chemin permettant d’accéder aux vignes
et aux ruches reliera l’entrée du terrain à l’espace de rangement, en
traversant les zones actuellement envahies de renouées du Japon,
facilitant la gestion de celle-ci. Ce passage de 1,50 m de large ne
nécessite ni revêtement, ni infrastructure. Le sol existant restera en
l’état, sera simplement tondu si le passage humain ne maintient pas la
végétation basse et si la hauteur des adventices rend cette opération
nécessaire. |