Le
climat cause de l’abandon de la culture de la vigne en Belgique ?
Les
documents dont disposent les historiens permettent une lecture climatique
de l’évolution des surfaces utilisées pour la culture de la vigne.
En
Belgique le plus grand nombre de références à des vignobles dans les
archives correspond à la fin du XIVe, aux XVe et XVIe siècles, soit
entre deux périodes froides du Petit Age Glaciaire. L’âge d’or de la
viticulture moyenâgeuse
en régions septentrionales, Angleterre et Belgique. Après cette période,
les vignes se réfugieront dans les vallées de la Meuse et de la Sambre
jusqu’à ce que climat et révolution industrielle ne la fassent disparaître
complètement.
Le
Petit Age Glaciaire se caractérise en effet une longue période allant en
gros du XIVe au XIXe siècle. Il y a au cours de cette période 3 pics
glaciaires (donc en terme d’étalement des glaciers et non pas de températures) :
entre 1300 et 1380, entre 1620 et 1670 et entre 1820 et 1860. C’est
ainsi qu’à partir de 1550, et certainement après 1620 la majorité des
vignobles avaient disparu suite au refroidissement…
Durant
cette période favorable à la viticulture, marquée par un léger réchauffement,
surtout entre 1380 et 1455, le climat est certainement assez proche de la
période 1900-1960 (soit plus frais que le climat actuel).
Pour les printemps-étés, le maximum de douceur se situe entre 1415 et
1435.
Durant la décennie 1380, les printemps-étés sont plutôt secs et
chauds. Les dates de vendanges sont assez précoces entre 1380 et 1386.
Un optimum est atteint entre 1414 et 1435, avec 20 années qui ont connu
des dates de vendanges plus précoces que la moyenne, 1428 étant la seule
exception. On ne retrouve quasiment pas d’équivalent à cette phase
estivale chaude très longue.
D’une
manière générale, cette période est plutôt favorable à une reprise
économique dans une Europe dont la population a presque diminué de moitié
par rapport aux maxima atteints durant la première moitié du XIVe siècle,
avant les épidémies de peste. Les villes et les bourgs se développent
à nouveau et avec ceux-ci les besoins en vin. Louvain devient ainsi la
capitale viticole des Ducs de Bourgogne. C’est une époque où l’insécurité
des guerres et rivalités entre roi, duc et prince-évèque poussent
chaque village à posséder son propre vignoble. Le transport du vin est
risqué, il vaut mieux produire une piquette que se passer de vin.
Principale
référence : Résumé par Frédéric DISSARD, météorologue sur La
Chaîne Météo de l’ « Histoire humaine et comparée du climat.
Canicules et glaciers XIIIe – XVIIIe siècles » d’Emmanuel Leroy
Ladurie. |