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Le vignoble
d'Uccle de 1989 à 2006
Ce
vignoble qui occupait un terrain en intérieur d'îlot à
proximité du Lycée français est le souvenir de 20 ans de plaisirs
et d'expériences viticoles
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Coordonnées
- Petit historique - La taille - Le sol et la culture - Les
cépages -
Les vins - Dernières vendanges - Dates
des 15 dernières vendanges -
Archives : Des
raisins et des chiffres des années 90
4 ares de vignes dans un intérieur d'ilot protégé
accessibles aux oiseaux au printemps,
protégé des oiseaux fin de l'été, avant les vendanges
... et son vigneron mesurant la richesse en
sucres des raisins à l'aide d'un réfractomètre
ou le webmaster de ce site parmi ses vignes
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Le renouveau de la viticulture
dans le sud de Bruxelles, à Uccle Uccle ne figure pas sur la
carte de Belgique extraite de la monographie sur l'histoire de la vigne (Halkin
1895)
qui signale les communes où la vigne a été cultivée durant le XIXe siècle.
C'est qu'elle avait disparu de Bruxelles dès le XVIIe siècle. Je
suis personnellement convaincu que le climat en est la cause. Des hivers
très rigoureux ont marqué les trente premières des années 1600; on
cite l'exemple d'un cavalier qui gela sur son cheval en 1619. Ce petit
âge glacière ("little ice age") et l'histoire du climat ne
nous sont connus que depuis une cinquantaine d'années et expliquent que
les historiens d'avant 1950 aient cherché les causes de la disparition
de la vigne dans les guerres et invasions, attribuant celles-ci à Louis
XIV, Napoléon ou le traité des Pyrénées. Je pense que lorsque Louis
XIV fit le siège de Bruxelles, la vigne avait disparu de cette région
depuis longtemps pour se réfugier sur les bords de Meuse où l'effet de
tampon thermique du fleuve a du tempérer la force des gelées.
Les historiens
locaux attestent de la présence de la vigne entre le XVe et le XVIIe siècle sur les pentes
orientées plein sud des vallées de l'Ukkelbeek (rue de Stalle et av. Defré) et du
Geleytsbeek (vallée de Saint-Job). J'avais découvert cela en 1976 alors que je faisais
des recherches concernant la date de construction de la maison que j'occupais alors. Et à
l'époque de penser : ce serait chouette si la vigne pouvait revivre sur l'un des coteaux
où elle était cultivée naguère; ce serait tout à fait anachronique, en ville. Je ne
savais pas que dix ans plus tard j'installerais un vignoble dans la vallée de Saint-Job.
Petite histoire de
la renaissance d'un vignoble à Uccle
Tout a commencé autour d'un
verre de vin (de fruit).
Cette après-midi de l'été 1986, près de Couvain, Marianne me parla du vignoble que son
père, décédé l'année précédente, cultivait à Nismes. Les vignes étaient à
l'abandon et son frère souhaitait planter des pommes de terre sur ce terrain au printemps
suivant, après l'avoir "nettoyé". Elle me proposa de déplanter la centaine de
pieds de vigne qui autrement seraient arrachés. J'acceptai directement la proposition qui
me mis face à un autre problème : trouver un terrain où replanter la vigne. D'autant
que je possédais déjà plus de quarante ceps. J'avais réalisé environ vingt-cinq
boutures de Sieger, Muller-Thurgau et Précoce de Looz à partir de bois que je m'étais
procurés chez Jan Bellefroid (l'initiateur du renouveau de la culture de la vigne dans le
limbourg et le Hageland). Je disposais d'autre part d'une vingtaine de jeunes plants d'un
hybride que l'on avait dit être du Baco. Ces bois provenaient tous du pied qui décorait
sur près de dix mètres de longueur la ferme des grands parents de mon épouse à
Solre-Saint-Géry, près de Beaumont dans l'entre Sambre et Meuse.
Bavardant avec mon
garagiste, François Evenepoel, je lui fis part de mes recherches. Il me proposa d'occuper
un terrain qui lui appartenait et se trouvait non loin de là, enclavé à l'arrière des
maisons.
Le terrain, ancien potager était en friche depuis quelques années. Entouré d'une
végétation constituée de buissons et d'arbres, le terrain offre une situation
protégée des vents. Bien qu'il ne soit pas sur le coteau orienté au sud, il reçoit les
rayons du soleil depuis le matin jusqu'en fin de journée. Ces éléments déterminent un
micro-climat que l'on ressent après avoir quitté la rue et traversé le petit bois qui
l'en sépare. Le vignoble au printemps 1987
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Cet historique explique la
diversité des variétés initialement cultivées.
Dans les années 1990 deux autres vignobles ont été constitué, l'un au Melkriek, l'autre à la frontière de Linkebeek.
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La culture et le sol ucclois:
Le vignoble est resté
totalement enherbé et régulièrement tondu jusqu'en 1995. Le pourtour des pieds étant
nettoyé au roundup tous les deux ans.
Le sol est un ancien potager
dont les vingt premiers centimètres sont constitués de limon. Sous le limon, une couche
d'argile dans laquelle on trouve des veines de galets, est suivie par un sous-sol sableux.
C'est le schéma géologique type du sol des vallées bruxelloises.
La terre étant naturellement assez riche je n'ai effectué aucun apport d'engrais si ce
n'est du compost dans les trous des dernières plantations.
En 1995 j'ai constaté une chute manifeste de la production due à la concurrence de
l'enherbement. J'ai alors fait un léger apport d'engrais, léger car mon but n'est pas de
produire de la quantité mais de la qualité.
J'ai ensuite totalement recouvert le sol d'une épaisse couche de broyat de bois
d'élagage provenant des avenues et parcs de la commune. Il a fallu quelques camions...
Depuis
2001, le broyat a été digéré par les microorganismes du sol.
La vigne est depuis lors désherbée thermiquement au niveau des pieds,
l'interligne étant régulièrement tondu.
Le roundup n’est plus utilisé qu’en périphérie du
vignoble, aux abords du filet. Il n’y a plus eu d’utilisation
de roundup après 2002
jeunes
plants
avant et après désherbage
(août 2002) |
Début
2003 les jeunes plantations, uniquement, ont été recouvertes de broyat
communal.
Selon
les endroits la nappe aquifère est à moins d’un mètre. La partie
ouest du vignoble est dans ce cas et la vigne y trouve toujours de l’eau,
même les années de sécheresse. La partie est soufre en cas de
sécheresse et explique des comportements disparates lors d’étés
très secs.
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La conduite du vignoble, le choix de la
taille :
Toutes les vignes sont
actuellement taillées en cordon, ou taille Royat. En hiver a lieu le nettoyage des pieds
et la sélection du bois qui portera l'an venant; ce dernier n'étant taillé à deux yeux
que vers le 15 avril, même si la vigne est déjà en végétation et soufre, pleure à la
taille, pour retarder le débourrement et échapper aux gelées tardives.
Cette façon de conduire la vigne a le désavantage d'être moins productive que la taille
Guyot (20 à 30 % de production en moins) mais a le grand avantage (c'est ce qui a
décidé mon choix au point de vue taille) d'assurer une production chaque année, même
dans les cas de gelées printanières tardives. Des bourgeons fructifères repoussent sur
le vieux bois du cordon alors que les bois d'un an ne produisent plus que de la feuille.
J'ai tiré avantage de cette taille en 1991 et 1992, années marquées par des gelées
tardives où certains ont vu leur récolte réduite de plus de 60 % alors que moi j'ai
obtenu plus de 60 % de la production d'une année normale.
Mon choix est donc : la taille Royat pour une production régulière, chaque année, même
si elle n'est pas très élevée; du vin tous les ans même si ce n'est pas en quantité.
Mon plaisir étant de vinifier, d'écouter et de regarder les petites bulles de gaz
carbonique se frayer un chemin vers la sortie au travers du barboteur, je ne souffre pas
d'en être privé ne fût-ce qu'une année.
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Les traitements phytosanitaires
Depuis 1998 et la plantation des
nouvelles variétés interspécifiques, résistantes aux maladies) la majorités
des vignes ne sont pulvérisées qu’une à trois fois l’année avec un
produit combiné (Zwamdood) apportant cuivre (contre le mildiou) et soufre
(contre l’oïdium) à la vigne, ainsi que des préparations bio à base de
plantes qui ont surtout une action préventive.
Selon
les conditions météorologiques de l’année, 5 à 8 traitements
doivent être effectués pour les vignes sensibles aux maladies (sieger,
pinots noirs, tanay, derniers plants de Muller Thurgau), en utilisant
les produits ci-dessus ainsi que deux applications d’un fongicide de
synthèse pénétrant.
C’est la seule entorse au bio… mais des alternatives seront testées
les prochaines années, par exemple le Mycosin et l’huile de soya (!)
déjà utilisés par des viticulteurs bios allemands et français.
L’objectif
final est de ne cultiver que des vignes ne nécessitant pas l'usage du
cuivre… ou de trouver un traitement alternatif efficace qui ne recourt
pas aux fongicides de synthèse
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Les cépages et les vins produits à Uccle
Les
cépages du vignoble expérimental des coteaux du Geleytsbeek |
En 1997 la gestion
du vignoble a été confiée à l'asbl CEPvdqa pour lui servir de champs
d'essai.
L'asbl souhaitait
tester les nouvelles variétés de cépages qui pouvaient se cultiver en
Belgique. Plusieurs critères définissent le nouvel encépagement : la
résistance aux maladies (sous nos climats, il n'est pratiquement
impossible de cultiver des pinots noirs en se limitant à traitements
"bio"), la précocité, la qualité du vin produit. C'est
ainsi que le choix s'est dirigé vers des cépages interspécifiques.
Parallèlement
l'asbl expérimente des cépages produisant du raisin de table ou mixte,
table-vin.
L'encépagement a
ainsi fortement évolué depuis lors. La suppression (arrachage) a concerné tant des viniferas (Muller Thurgau, pinots tardifs, une partie
des pinots précoces, sieger et ortega) que des hybrides de l'ancienne
génération comme le Maréchal Foch. Il a cependant été conservé un
exemplaire de chaque variété.
Les nouveaux
cépages testés portent le nom de : Phoenix, Regent, Rondo, Sirius,
Bianca, Zalagyongie ou Perle de Zala, Muscat bleu, Solaris, Nero,
Perdin, Palatinat, Rubens. D'autres seront testés dans quelques années
(Birstaler Muskat, Traminette, par exemple)
Ces différents
cépages sont détaillés sur la page des variétés
de vignes. Les derniers résultats des vendanges
sont aussi accessibles dans nos pages.
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la première vendange en 1990
la vendange de 1993
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En tout cela fait donc près de 270 pieds de
vigne sur +/- 4,5 ares.
Cette faible densité peut surprendre, elle
s'explique par la surface plus importante qu'occupent les hybrides, plantés à +/- 2
mètres dans la ligne.
Le plan détaillé
du vignoble vous est proposé au format PDF en cliquant ici
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Les vins
Les vins de cépages rouges
Le "Uccle nouveau"
Il y a actuellement une
trentaine de pieds de Léon Millot et une quinzaine de Maréchal Foch provenant de Nismes.
Ce sont des hybrides producteurs directs rouges d'origine française.
Sur les conseils de Charles Henry, vigneron à Seraing, ancien président des Cordeliers de Saint-Vincent, mon maître en vinification
malheureusement disparu en 1993, je vinifie ces raisins par macération carbonique, en
injectant du gaz carbonique au départ sur les grappes intactes, non foulées. Le
résultat avec le Léon Millot est très positif : un vin gouleyant, fruité, agréable à
boire dès décembre en le soutirant de sa tourie; mis en bouteilles fin janvier avec
l'assurance que la fermentation malolactique est terminée.
L'année 1999 fut particulièrement précoce et ce vin fut mis en bouteille fin novembre de
sorte qu'en janvier 2000 toute la production avait été dégustée. Les amateurs de
vin nouveau lui trouvent un corps, une plénitude en bouche qu'ils ne trouvent pas dans le
"Beaujolais nouveau". L'élaboration de ce vin a aussi servit de
modèle pour la réalisation du vin de Villers-la-Ville.
L'année
2003 est tout aussi prometteuse ...
Le Baco noir : un rouge corsé ou
un rosé charnu
A côté de cela, toujours
dans le domaine des hybrides, 18 pieds de Baco noir donnent un vin qui ne laisse personne
indifférent. Ce vin plaît énormément aux uns et repousse les autres. A côté de
l'arôme typique de Gamay qu'a ce cépage, on y trouve un côté beaucoup plus
"animal" (sous-bois, amertume, fourrure, ...) qui ne plaît pas à tous. Ce
caractère diminue après deux ou trois ans pour laisser place à un vin riche aux
arômes
évolués. J'ai aussi essayé ce cépage en macération carbonique, mais une seule fois :
les arômes étaient si puissant que le vin en était presque répulsif ! Le Baco est donc
un hybride à vinifier en rouge (égrappage total et macération courte de 0 à 3 jours).
Son défaut majeur est une acidité élevée qui nécessite une désacidification
chimique.
Depuis 1998 je le vinifie
"en blanc", comme un vin de fruit, et y ajoute environ 20% d'eau pour en
diminuer l'acidité de façon naturelle et atténuer par la même occasion la richesse en
matière sèche; ce qui donne un rosé presque rouge fruité et encore bien riche en
matière qui est un très agréable vin d'été pour accompagner les grillades. En
"blanc" ce vin perd son caractère "bestial" et herbacé.
Les nouveaux
"rouges" -Renouveau et modernisation du vignoble
Au
printemps 2000 une douzaine de Régent et autant de Rondo, nouveaux cépages
allemands résistants au mildiou et à l'oïdium ont été plantés.
Au printemps
2002, 10 pieds de Nero et autant de Muscat bleu participent aux
expérimentations en cours. Le Maréchal Foch a été supprimé pour laisser la
place ...
Le Regent
rouge
Est vinifié en
rouge de façon traditionnelle, par macération de la vendange totalement
égrappée jusqu’à ce que tous les sucres soient épuisés. Le raisin est
décuvé et pressé après une dizaine de jours de cuvaison.
C’est un vin dont l’équilibre gustatif fait penser à un vin rouge de la
Loire, genre Saumur, mais évidemment avec des arômes différents de ceux du
cabernet sauvignon. C’est un vin rouge qui a du corps sans être lourd, des
tanins souples aux goût de poivre blanc,
Le Rondo rouge
Est
vinifié de la même façon que le regent.
C’est un vin très coloré souple et fin qui fait plus penser aux équilibres
d’un bourgogne avec de la couleur en plus et le goût de pinot noir en moins. Du genre : excellent passetoutgrain.
Ces deux vins de nouveaux
cépages interspécifiques sont les futurs grands vins rouges de wallonie...
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Les vins blancs
Le
"crémant d'Uccle"
Les viniféras rouges implantés en
1986 consistent en précoces de Looz (origine certifiée : bois de Jan
Bellefroid) et d'une dizaine de pinots noirs hâtifs, en tous points semblables,
provenant de Nismes. Ils donnent un vin rouge typé "pinot noir" les
bonnes années (une sur cinq : les dernières cuvées datent de 1997, 2002
et 2003). Les autres années je les vinifie en blanc, à la mode champenoise
pour produire un crémant unanimement apprécié.
D'autres
cépages rouges ont été plantés par la suite :
En 1990
vingt Plants de juillet Champenois greffés par Charles Henry. Les ayant
laissés trop produire en 1993 (pour pouvoir en tirer quelques litres de vin),
les ceps se sont "reposés" en 94 et 95. Les années suivantes ils ont
étés vinifiés en blanc et ont participé au crémant.
Quelques
Tanay (cépage associé à Charles Henry) qui murissent au même moment s’associent
et complexifiebnt le vin de pinots précoces..
Vin blanc de Sieger
Récoltés
début septembre (ce sont les premiers mûrs sous notre climat) et vinifiés
après quelques heures de macération àfroid, les Sieger donnent un vin blanc
riche d'arômes fruités et fleuris qui demande une bonne année de bouteille
avant de s'épanouir. Bu jeune, après sa mise en bouteille, le vin déçoit. Un
an plus tard il se révèle et éclate dans votre palais.
Son vin
rappelle le Gewurztraminer et est le vin blanc qui se conserve le plus
longtemps.
Les nouveaux "blancs" -Renouveau et modernisation du
vignoble
Les
vignes provenant de Nismes en 1986 (plus de 30 pieds) sont en cours de
remplacement depuis 2000 par des variétés nouvelles, des cépages
interspécifiques/hybrides de qualité d'origine allemande ou hongroise :
phoenix, sirius et bianca. Un dizaine de Perle de Zala et quelques Solaris
complètent depuis avril 2002 l'expérimentation de nouvelles variétés
blanches. Le Birstaler Muskaat et le Traminette complèteront l’encépagement.
Le
Phoenix produit des vins riches, frais, fruités, légèrement muscatés
Le Sirius
donne un vin riche, fruité, de type Riesling
Le vin de
Bianca est de bonne qualité, d'un beau fruité rappelant le Sauvignon, mais
sensible à l’oxydation.
il y a de nombreuses façons pour presser ses raisins.
Même une ancienne essoreuse au tambour en inox convient.
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Les
dates des 15 dernières vendanges ...
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